Les poèmes

Ce murmure insistant

Je suis allongé
sur une couche
de vibrations et de bruissements
à peine audibles.
À peine audibles
mais continus. Ils forcent le chemin,
me pénètrent par en-dessous,
me rabottent, doucement
mais très, très doucement
me
blessent.
Comme si quelque chose se frayait
un passage
entre plancher et plafond,
dans un entre-deux.
Surtout ce frémissement
sonore,
presque clair,
parfois discontinu.
Ce murmure insistant,
comme un bavardage féminin venant d’en bas.

(traduit par Chantal Tanet)

Couvercles

(et lorsque Bodhidharma surprit ses
paupières abaissées de leur plein gré)

Le deuxième. Je le fixe s’élancer vers le sol
Rebondir
Et se briser, je n’y crois toujours pas
Je rêve encore un instant qu’il remonterait le temps
Déjà le deuxième couvercle en cinq jours

Ca s’éclate
Déjà sur cette deuxième théière un trou béant qui
Ne se laisse plus clore             qui
Me dévisage         qui

Et parterre les débris

Ecrire les messages en lettres bien distinctes
si nécessaire en appuyer les contours

Je ne prends pas l’air de ne pas comprendre

Versequepourra chinois ou japonais
A coup sûr
Il serait dur d’être plus convaincant
Et même si ce n’était pas un faux mouvement
Verse de lui-même

Je prends l’air de comprendre
C’est clair comme de l’eau du robinet
Des pages arrachées
La réunion de demain à laquelle il n’y avait pas de raison de penser
Seulement je m’y croyais déjà
Auprès d’un thé vert comme à chaque fois
Transporté par le deuxième même le troisième encore versé
Je comprends que j’ai l’air ?

Déjà tout s’est déposé, l’eau est brûlante
Et si l’intangibilité, par conséquente insaisissable
Quelques heures suivantes s’écoulent
Je pense que tout s’assombrit, que la lumière ne reste pas
Le soir se laisse sans doute attendre

Le tintement des feuilles enroulées
Tintinnabulant finement
Les craquements de la céramique, déjà le deuxième couvercle

A peine sur mon palais il se fond en moi

Syntonie, verse ce que
Le thé

(traduit par Jérome Boyon)